La réduction de l’attente en caisse et l’optimisation du processus d’encaissement sont au cœur de la stratégie des grands retailers qui cherchent par tous les moyens, à l’image d’Amazon Go, à repenser le modèle conventionnel à la fois générateur de stress et de frustration pour le visiteur.
Et si le paiement biométrique répondait en partie à ces problématiques ?
Définition du paiement biométrique
La biométrie signifie « mesure du vivant » et désigne l’identification des personnes en fonction de leurs caractéristiques biologiques (forme du visage, l’iris, l’empreinte digitale) ou de leurs caractéristiques comportementales (démarche, la signature ou la reconnaissance vocale).
Le paiement biométrique désigne, par extension, le paiement effectué via une authentification de type biométrique telle que le scan de l’iris, le scan d’empreintes digitales ou encore l’analyse vocale. Il existe même un procédé permettant de reconnaître un individu simplement grâce à un scanner biométrique du réseau veineux du doigt. Hitachi a développé cette technologie afin d’authentifier les personnes pénétrant dans un stade avec, pour seule contribution de leur part, un simple mouvement de main devant le scanner.
Fluidifier le processus d’achat
Le processus d’achat en magasin, que nous connaissons tous, peut s’avérer être un parcours du combattant pour le consommateur, notamment pendant les périodes de grande affluence. L’attente et le passage en caisse constituent de véritables facteurs anxiogènes. Dans de nombreux cas, le visiteur se résigne et abandonne son parcours en magasin.
L’utilisation de la technologie biométrique permet de mutualiser les phases d’authentification et de paiement, fluidifiant ainsi le processus de check-out en magasin (passage en caisse) regroupant à la fois l’attente en caisse, le scan des produits, l’authentification client, le paiement ainsi que le transfert de propriétés (échange des marchandises).
Concernant le paiement, la biométrie apporte une promesse à forte valeur ajoutée, là où de nombreuses technologies ont échoué, en permettant à un consommateur de régler rapidement, sans support physique ni virtuel, avec une sécurité maximale. La durée d’une transaction biométrique est, selon certains experts, considérablement raccourcie, apportant une réponse aux retailers.
La biométrie aurait donc un impact direct sur l’identification client, le paiement et, de ce fait, sur la durée globale du passage et dans la file d’attente (moins de liquidité = plus de rapidité).
Un mythe devenu réalité
Le paiement biométrique devient de plus en plus une réalité ; toutefois, c’est une technologie à fort potentiel qui évolue rapidement, notamment dans le secteur des M-paiements (paiements mobiles). Même si l’identification biométrique n’en est encore qu’à ses débuts, de nombreux cas d’usage concrets voient le jour depuis quelques années. L’exemple le plus parlant est celui du Gouvernement Indien qui a imposé, fin 2016, la carte biométrique à tout nouveau titulaire d’un compte bancaire. De plus, de nombreux petits commerces sont aujourd’hui équipés de lecteurs d’empreintes digitales. L’outil « Aadhaar » recense les données biométriques d’ 1,2 milliard d’Indiens, soit 99% de la population. Il attribue aux résidents du pays un code unique à 12 chiffres basé sur leurs données biométriques (photo du visage, empreintes digitales et scan de l’iris). L’objectif est de lutter contre la fraude et la corruption sur le versement d’aides alimentaires et énergiques : 10% de la population indienne ne disposait pas de papiers. Cependant, ce système d’identification est aujourd’hui très décrié et suscite de vives réactions tant à travers le pays que dans le monde entier notamment en matière de sécurité, confidentialité et transparence des données recensées.
Autre exemple concret : celui de « Natural Security » qui a récemment lancé une application permettant « d’accéder à vos services favoris en magasin ou en ligne, simplement, et en toute sécurité grâce à votre empreinte digitale sans même manipuler votre smartphone » (Source: Natural Security). Avec les empreintes digitales, il devient très simple de payer ou d’accéder à un ensemble de services proposés par l’enseigne physique ou digitale. A noter que cette application est, par ailleurs, la seule solution mobile authentification biométrique à recevoir l’autorisation de la CNIL.
La fiabilité des paiements biométriques
Même si les données biométriques assurent une fiabilité maximale, celles-ci apportent un paradoxe concernant leur sécurité. Le vol des données biométriques par essence immuables, facilite l’usurpation d’identité et est irrévocable, ce qui peut entraîner de graves conséquences pour l’individu. Que faire si quelqu’un parvient à capturer vos empreintes digitales, votre voix et votre iris ?
De nombreuses questions sont posées autour de la biométrie sans pour autant apporter de réponses concrètes. A l’heure où quelques initiatives voient le jour, le paiement biométrique fait beaucoup de bruit mais est encore en phase de gestation et trop peu mature pour mesurer les réels bénéfices. Nul doute qu’il continuera à faire parler de lui pendant les deux ou trois prochaines années avant une éventuelle révolution.
Alexandre Onufryk – Managing Consultant