Traduction de l’article original de Matteo Gianpietro Zago « Why the web 3.0 matters and you should know about it»
Un démarrage timide
Il y a beaucoup de buzz autour du Web 3.0 et les changements radicaux qu’il apportera à l’industrie. Mais peu de gens savent réellement pourquoi il est apparu et quels seront ses apports. Pour une bonne compréhension, remontons dans le temps et examinons ses prédécesseurs, les Web 1.0 et 2.0.
Tout comme au Moyen Age, le Web 1.0 a du mordre la poussière avant d’être identifié. Le «World Wide Web», comme on l’appelait, était un ensemble de sites Web statiques avec beaucoup d’informations et aucun contenu interactif. « Se connecter » signifiait composer un numéro au travers de modems poussifs et bloquer l’usage du téléphone dans toute la maison. C’était le web des salles de chat AOL et MSN Messenger, d’AltaVista et d’Ask Jeeves. C’était follement lent. Diffuser des vidéos et de la musique ? Oublie. Le téléchargement d’une chanson prendrait au moins une journée.
Et puis il y eu le 2.0
Le souvenir des bips des modems et des écrans ennuyeux s’est définitivement évaporé. Des vitesses Internet plus rapides ont ouvert la voie à du contenu interactif, le Web ne consistait plus à observer, il s’agissait de participer. Le partage mondial de l’information a engendré l’ère des «médias sociaux». Youtube, Wikipedia, Flickr et Facebook ont ouvert la voie aux sans voix et fourni un moyen de prospérer aux communautés partageant les mêmes idées.
La publication de ce billet de blog me prendra sans tracas 30 secondes, une amélioration incommensurable là ou par le passé, il aurait fallu un effort concerté entre des concepteurs, des développeurs et des administrateurs pour faire une simple modification de site Web. En fait, nous pourrions appeler cela l’ère du « Lit-Ecrit-Publie ». La diffusion d’information est aussi simple que ces trois mots. Ceci nous amène à la question : le web 2.0 est génial, qu’est-ce qui a mal tourné ?
L’information c’est de l’argent
Selon les estimations de l’ONU, les utilisateurs d’Internet sont passés de 738 millions à 3,2 milliards entre 2000 et 2015. C’est une quantité insondable de données qui circulent, et comme les grandes sociétés numériques l’ont déjà réalisé, les informations personnelles constituent un actif de très grande valeur. Ainsi a commencé le stockage de masse des données dans des serveurs centralisés, avec Amazon, Facebook et Twitter leurs plus grands gardiens. Les gens ont sacrifié la protection de leurs données pour la commodité d’usage de ces services. Qu’ils le sachent ou non, leur identité, leurs habitudes de navigation, leurs recherches et leurs achats en ligne ont été vendus au plus offrant.
La révolution Web 3.0
À ce stade, les acteurs du Web 2.0 rêvaient déjà d’un successeur. Le prochain Web, tel qu’ils l’avaient prévu, reviendrait sur la vision idéale du Web 1.0 : plus « humain » et plus respectueux de l’intimité de chacun. Le pouvoir (et les données) serait redonné à ses propriétaires légitimes, plutôt que de concentré entre les mains d’énormes mastodontes sous des motifs douteux.
Historiquement, la vision d’un web plus juste et plus transparent remonte approximativement à l’année 2006. Cependant, les outils et technologies n’étaient pas disponibles pour le concrétiser. A ce stade, Bitcoin était encore à trois ans de son avènement, apportant avec lui la notion d’un registre distribué (blockchain), pour servir le stockage numérique P2P. La Décentralisation était l’idée. La Blockchain était le moyen. Nous avons maintenant ce que l’on peut décrire comme un internet centré sur l’humain.
Le web de la protection des données personnelles, l’anti-monopole
Alors que le Web 2.0 a démocratisé de nombreuses structures de pouvoir et créé de nouvelles opportunités, le moteur économique a cependant été largement privatisé et monopolisé. Facebook, Uber et AirBnB ont créé des réseaux privés pour des infrastructures publiques qu’ils dominent. Le Web 3.0 est l’antithèse de cela, on parle ici de centres de profit partageant de la valeur à travers un réseau ouvert.
Il est facile d’envisager un avenir pas si lointain où les téléphones « crypto », les VPNs, le stockage décentralisé et les portefeuilles de crypto-monnaies seront largement répandus. Un avenir sans nécessité de passer par des fournisseurs de réseau et de téléphonie mobile, qui suspendent ou surveillent nos échanges d’information. Si nous voulons éviter de somnoler dans une dystopie à la Black Mirror, ce sont les outils dont nous avons besoin.
Le Web 3.0 offre de nombreux avantages
Pas de point de contrôle central
On supprime les intermédiaires de l’équation. Les blockchains comme Ethereum fournissent une plateforme sans tiers de confiance où les règles sont inaltérables et les données entièrement cryptées. Par conséquent, Alphabet et Apple n’auront plus le contrôle des données utilisateur. De plus, aucun gouvernement ou autre entité n’aura la capacité de fermer des sites et des services. Et aucun individu ne peut contrôler l’identité des autres.
Propriété des données
Les utilisateurs finaux reprendront le contrôle total de leurs données et bénéficieront de la sécurité liée au chiffrement. Ensuite, des informations pourront être partagées au cas par cas, sous réserve d’autorisation. Actuellement, de grandes entreprises comme Amazon et Facebook détiennent des fermes de serveurs stockant des informations sur les préférences alimentaires, les revenus, les intérêts, les références de cartes bancaires et plus encore. Ce n’est pas simplement pour améliorer leurs services – les spécialistes du marketing et les publicitaires paient des milliards chaque année pour ces données.
Réduction drastique des piratages et des vols de données
Les données étant décentralisées et distribuées, les pirates informatiques devront désactiver l’ensemble du réseau. En outre, des outils sponsorisés par les gouvernements tels que Vault7, utilisés par les agences à trois lettres, deviendront obsolètes. Actuellement, les sociétés Internet sont tenues de transmettre les données des utilisateurs ou de subir des contrôles minutieux de leurs bases de données. Ces intrusions dans les données ne se limitent pas aux menaces de sécurité majeures telles que le terrorisme. En 2017, Coinbase a engagé des poursuites contre l’IRS suite à sa demande d’accès aux données de 15 000 clients.
Finalement, le procès que Coinbase a perdu a ouvert la voie à des entités gouvernementales en leur permettant de s’approprier les données financières de milliers de clients, sans nécessité de le justifier. Malheureusement, des cas comme celui-ci ne sont pas isolés. En 2013, Lavabit, un fournisseur de messagerie sécurisée, a choisi de suspendre ses services plutôt que de remettre ses clés SSL au gouvernement américain pour qu’il puisse surveiller Edward Snowden.
Interopérabilité
Dorénavant, les applications seront faciles à personnaliser et agnostiques du matériel utilisé. Capables de fonctionner sur des smartphones, des téléviseurs, des automobiles, des micro-ondes et des capteurs intelligents. Actuellement, les applications sont spécifiques au système d’exploitation et sont souvent limitées à un seul système. Par exemple, de nombreux portefeuilles de crypto-monnaie Android ne sont pas disponibles sur iOS. Ce qui provoque une frustration pour les utilisateurs dotés de plusieurs appareils. Cela ajoute des coûts pour les développeurs chargés de produire plusieurs implémentations et mises à jour de leurs logiciels.
Blockchains sans notion de droits d’accès
N’importe qui peut créer une adresse et interagir avec le réseau. Le pouvoir d’accéder sans permission aux chaînes n’est pas surestimé. Il n’y aura plus d’exclusion en fonction de votre localisation géographique, revenu, sexe… Ni en fonction d’orientations ou autres facteurs sociologiques et démographiques. La fortune et d’autres actifs numériques peuvent être transférés à l’étranger, rapidement et efficacement, partout dans le monde.
Pas d’interruption de service
La suspension de compte et le déni de service sont considérablement réduits. Parce qu’il n’y a pas de point de défaillance (« single point of failure »), les interruptions de service seront marginales. Les données seront stockées sur des nœuds distribués pour assurer la redondance. Et de multiples sauvegardes empêcheront la panne ou la saisie d’un serveur.
Comment cela va t’il fonctionner ?
Comme toute technologie émergente, elle est encore en maturation. Pour accéder au web décentralisé, les utilisateurs n’auront besoin que d’un identifiant P2P (ndt : une graine ou « seed »). Ce sera un atout unique qui permettra d’interagir avec les applications décentralisées (dApps). Au final, on continuera à utiliser un navigateur Web pour accéder à Internet et cela sera aussi convivial que le Web 2.0.
En surface, la courbe d’apprentissage de 2.0 à 3.0 est douce. Mais, dans les coulisses, l’architecture qui assure la connexion des utilisateurs aux services sous-jacents est nettement différente. Pour empêcher des plates-formes de siphonner les informations personnelles sans raison valable, on signe et vérifie manuellement les transactions. Maintenant, les internautes vont explicitement approuver le partage de leurs données (opt-in) plutôt qu’essayer – et souvent échouer – de se désengager (ndt : opt-out, approche remise en cause par la nouvelle loi RGPD).
- Au lieu de Google Drive ou Dropbox, nous avons Storj, Siacoin, Filecoin ou la technologie IPFS pour distribuer et stocker des fichiers.
- La plate-forme Experty.io remplace Skype.
- Pour remplacer WhatsApp et Wechat, nous avons Status.
- Des environnements comme Essentia.one et EOS remplacent des systèmes d’exploitation tels qu’iOS et Android. Ils fournissent ainsi une passerelle vers le nouveau Web.
- Enfin, Akasha ou Steemit joueront le rôle de Facebook, le navigateur Brave servira de Chrome et Ethlance pourra remplacer Upwork.
Conclusion
Ce ne sont que quelques exemples. Ensuite, au fur et à mesure que le Web 3.0 se concrétisera, de nouvelles plates-formes émergeront. Et ceci, dans une saine concurrence, non limitée par des fournisseurs de services monopolistiques. Ainsi, il est probable que les meilleures dApps que nous utiliserons dans trois ans ne sont plus seulement une lueur dans l’œil du développeur.
Globalement, le concept est le suivant. A l’heure actuelle, il y a une dispersion des plates-formes et actifs numériques qui composent le Web 3.0. L’accès à ces interfaces nécessite à chaque fois différents identifiants (seeds, logins…), un peu comme dans le Web 2.0 existant. Essentia.one va relier ces plates-formes disparates via une seule identification. Comme le fonctionnement reposera sur une clé chiffrée propre à son propriétaire, Essentia sera à même de fournir une preuve d’identité sans avoir à fournir plus que le minimum requis pour identifier cette personne.
Tout comme le Web 2.0 n’a pas totalement éclipsé le Web 1.0 (ce qui reste une contrainte pour certains éléments d’Internet), le passage à la version 3.0 prendra du temps et s’intégrera aux systèmes en ligne existants. Les roues ont déjà été mises en mouvement et le train a quitté la gare. Le Web 3.0 est une révolution en mouvement, nous avons dépassé le point de non-retour.
En savoir plus sur l’auteur :
Matteo Gianpietro Zago – https://matteozago.com
Co-Fondateur de You&Web
Auteur de la Bible Facebook et du Guide de marketing Twitter
Où en sommes nous ?
Merci 🙂
Bonjour, merci pour votre comemntaire. Nous vous avons répondu directement via email. Cdt.
Je suis très ravis de lire cette description bien orientée sur le web 3.0 , ça vie tu de m’ouvrir les esprit et aussi me donner certains éléments que je ne connaissais pas dans ce monde qui change . Pour moi le web 3.0 est plus que’important pour l’avenir des utilisateurs et aussi bien. Portant pour supprimer les lenteurs des transactions d’i formation d’un.point A a un point B du globe.