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marketplace santé

En pleine phase de structuration, le marché de l’e-santé est en pleine effervescence avec une croissance soutenue. Cette bonne dynamique est portée par plusieurs facteurs clés impactant directement et indirectement la croissance du marché de la santé numérique. Des facteurs technologiques et d’innovation (ex : santé connectée, objets et médicaments connectés, m-santé, intelligence artificielle), démographiques (vieillissement de la population), économiques (augmentation des investissements en R&D, secteur en création d’emploi etc.), politiques (prise en charge des actes de télémédecine, réorganisation du système de remboursement des soins, rôle de la Sécurité Sociale), juridiques (déréglementation) et sociaux-culturels (ex : recherche du bien-être, prévoyance, télémédecine, télé-expertise, bio, diététique, thérapies digitales). Les entreprises de cette filière ne cessent d’innover et de se réinventer. Preuve de la bonne dynamique, le nombre de levée de fonds se succède parmi les jeunes pousses françaises (estimé aujourd’hui à 1 milliard € fin mars 2019) qui séduisent de plus en plus d’investisseurs privés.

Ajouté à ce dynamise ambiant, une forte demande des consommateurs face à la santé en ligne (ex : dossier médical partagé, simplification de la prise de rdv médicaux, consultation à distance, dossier médical partagé) ainsi qu’à la volonté des pouvoirs publics face aux nouveaux enjeux du secteur (ex : enrayer le problème des déserts médicaux, optimisation du parcours soignants en ambulatoire) et le marché de l’e-santé peut entrevoir un avenir radieux.

Les Marketplace santé pourraient donc, face à un tel engouement, bouleverser (voire disrupter) le modèle existant et les circuits de distribution traditionnels. Le marché se structurer autour de ces plateformes et autres pure players notamment pour les cabinets médicaux virtuels, les IOT et encore la coordination des parcours de soins.

Le marché de l’e-santé

Avec une croissance estimée entre 3% et 6% chaque années, le marché de la santé en ligne a encore de belles perspectives devant elle. Il ne cesse de se déployer et de se développer en France notamment au niveau des systèmes d’informations de santé (SIS) ou les systèmes d’informations hospitaliers (SIH). Il est évalué entre 2 et 3 milliard d’€ et chaque année environ 100 millions d’€ sont investis, preuve de l’excellente attractivité du secteur. Environ 80% à 85% du marché serait porté par les services hospitaliers (SIS et le SIH) contre 15% à 20% pour la télésanté (incluant la télémédecine, les plateformes de prise de rdv, les ventes de produits pharmaceutiques, les IoT, l’Intelligence Artificielles etc.). Le premier axe est invisible pour le grand public mais reste indispensable pour les professionnels de santé (notamment sur le parcours ambulatoires, les hospitalisations, le système de remboursements de soin, la carte vitale ou encore le dossier médical partagé).

Selon Xerfi, le marché de l’e-santé est en phase de structuration autour de deux grandes voies. D’une part, une tendance vers l’ultra-spécialisation des outils pour obtenir leur validation clinique (ex : thérapies digitales), de l’autre une logique de consolidation des solutions autour des plateformes et Marketplace notamment sur l’optimisation des agendas médicaux, des IOT, et des cabinets médicaux virtuels. Cette structuration de marché à de fortes chances de se consolider autour d’acteurs historiques et de nouveaux entrants qui jouissent d’assets assez importants. Du fait de leur très bonne pénétration sur le marché, il est fort à parier que les industriels du secteurs, les grossistes répartiteurs, les groupements d’officines ou encore les laboratoires pharmaceutiques, trustent le marché d’ici quelques années. Sans oublier les géants du digitales (GAFAM) et les plateformes pure players (ex : Doctolib, Doctipharma, MedecinDirect etc.) qui peuvent entrer dans la danse et faire de l’ombre aux acteurs traditionnels, du fait de de leur expertise en IA et big data et de leurs importants moyens marketing et commerciaux auprès des prescripteurs.

Dans cette écosystème très riche et de surcroît en pleine effervescence, les acteurs du digitales et notamment les Marketplace y jouent un rôle moteur. En effet, ces acteurs facilitent la mise en relation entre patients (qui attendent toujours plus de la santé connectée) et professionnels de la santé en proposant de réelles promesses à forte valeur ajoutée comme sur la simplification du processus de réservation, consultation à distance, l’échange d’informations automatisées et historisées.

Les Marketplace de produits

Il est possible de segmenter les Marketplace en groupe distincts, aujourd’hui disparates mais demain complémentaires : les places de marché orientées « produits » et celles orientées « services ».

Le développement accru pour la recherche du bien-être et d’une hygiène de vie assainie (par extension d’une santé plus pragmatique et pérenne) ont favorisé la commercialisation de nouveaux produits (avec ou sans ordonnance médicale) sur le marché. Par exemple l’univers de la parapharmacie connait un véritable « boom » et ne cesse de croître dans les officines ainsi que les grandes et moyennes surfaces, allant même jusqu’à gagner des parts de marché face aux médicaments conventionnels (génériques, princeps et Over-The-Counter). Ajouté à cela le nombre croissant de produits non remboursés par la sécurité sociale (ex : homéopathie) qui mécaniquement font gonfler la part du « non-conventionnel ».

C’est dans ce contexte que de nombreuses plateformes et Marketplace ont émergé et réussi à s’imposer durablement comme par exemple, 1001pharmacie.com (le « one-stop-shopping » de la vente en ligne de produits parapharmaceutiques), Pharmaket (marketplace de produits de parapharmacie mettant en relation soignants et officines référencées) ou encore Doctipharma (qui référence pas moins de 100 000 références auprès de 5000 marques). Ce dernier propose notamment une promesse intéressante pour les soignants (ex : envoi de l’ordonnance à distance, bénéficier de la communauté de pharmaciens d’officines référencées) mais également pour les officines notamment sur le développement de leur activité digitale (ex : site vitrine, click and collect etc.).

Les Marketplace de services

Côté services, le nombre d’acteurs n’a cessé d’augmenter depuis quelques semestres. Démocratisées par la célèbre plateforme de mise en relation Doctolib (qui élargit aujourd’hui son champs d’action au vieux continent), les Marketplaces de services sont aujourd’hui omniprésentes.

Elles offrent notamment des avantages tangibles auprès des internautes comme la facilitation des prises de rendez-vous médicaux en ligne (MonDocteur, Doctolib, la consultation à distance avec télémédecine et la téléexpertise (ex: Qare, MedecinDirect, Dokiliko) ou encore. Il est vrai que digital permet une meilleure transparence et traçabilité concernant les données médicales ainsi que des bénéfices certains : possibilité d’accès et avis et notation d’un praticien grâce à la communauté d’utilisateurs, recherche géolocalisée, dossier en ligne historisé, collaboration entre acteurs, échange de documents fluidifiée etc.

Même si les opérateurs Marketplace se tournent de plus en plus vers l’omnicanalité avec le click & collect en office ou le retrait en point relais, la tendance de demain sera sans doute une digitalisation complète du parcours d’achat (prise de rendez-vous, consultation et envoi de l’ordonnance en ligne) avec une logistique adaptée par le biais du « ship-from-store ».Avec ce modèle de « Deliveroo de la santé », les soignants n’auraient plus à se déplacer pour accéder aux soins (avec ou sans ordonnance) et seraient livrés directement par des coursiers, du moins si la réglementation le permet.

C’est notamment le cas de Otzii qui apporte une promesse sur une partie de la chaîne de valeur. Ce dernier propose aux soignants d’être mise en relation avec son pharmacien, de scanner son ordonnance et d’être livrés par un coursier (avec système de géolocalisation). La plateforme d’engage à ce que les médicaments soient livrés en 30 minutes de jour comme de nuit.

Une règlementation qui reste sensible pour les Marketplace santé

A l’heure du tout digital et des nouveaux usages en termes de santé, les données personnelles de personnel collectées et analysées relatives sont assujetties à une réglementation de protection et de stockage très strictes. Régie par trois directives (la RGPD, Network and Information Security et la Loi Informatique et Libertés), les opérateurs Marketplace se doivent d’être extrêmement vigilants à la mise en conformité règlementaire de leurs plateformes. Les données personnelles de santé font l’objet d’une attention particulière auprès du législateur et des autorités de santé afin de préserver leur sécurité s et empêcher qu’elles soient déformées, endommagées, ou que des tiers non autorisés y aient accès.

La montée en puissance des plateformes et place de marché sur l’échiquier concurrentiel de l’e-santé, engendreront sûrement de nouvelles directives de la part des pouvoirs publics (français et européens) dans les années à venir, ce qui pourrait freiner considérablement leur croissance. Il demeure néanmoins, que ces acteurs ne sont pas la cible prioritaire du moment étant donné que les premiers concernés seraient les acteurs traditionnels (qui collectent davantage de données) comme les industriels, laboratoires, officines ou encore assureurs.

Le domaine de la santé en ligne reste en ébullition tout en étant restreint par les contraintes réglementaires. Séduisant une génération de consommateurs 2.0 et ultra-connectés, les Marketplaces proposent une réponse concrète aux freins intrinsèques ou associés au domaine de la santé. Les initiatives de la part des opérateurs marketplaces se succèdent maintient l’activité concurrentielle à un niveau élevé. Les places de marché gagnent du terrain face aux acteurs traditionnels et il est fort à parier que le marché de la santé n’est encore qu’aux prémices de sa révolution.

Alexandre Onufryk – Managing Consultant

[email protected]

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