Le e-commerce est un secteur qui croît inlassablement depuis plusieurs années. De 57 milliards d’euros en 2014, les ventes en ligne en France ont atteint 129,1 milliards d’euros en 2021 selon la FEVAD (Fédération e-commerce et vente à distance). Le e-commerce représente aujourd’hui 13,4 % du commerce de détail, une part finalement assez importante. Ainsi, comme dans beaucoup de secteurs, la question de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) dans le contexte du e-commerce doit se poser. En effet, cette pratique repose sur une chaîne de valeur et une chaîne logistique qui peuvent avoir un impact social et environnemental non négligeable. Dans cet article, nous allons passer en revue ces impacts ainsi que les choix RSE qui peuvent être faits pour (du moins en partie) les compenser.
L’impact social et environnemental du e-commerce
Nous pouvons intuitivement penser à quatre grands axes pour discuter de l’impact (anti-)RSE du secteur du e-commerce.
1. La fabrication des produits pour le e-commerce
La fabrication des produits est le facteur le plus important en termes d’émissions de carbone. La production, ainsi que l’impact des invendus (et donc le gaspillage) représentent environ 90% de l’impact carbone des entreprises e-commerce. Ce facteur n’est évidemment pas propre au secteur du e-commerce, mais il faut le prendre en compte. Ici, on pensera notamment à l’impact environnemental du secteur de la mode avec la production de textiles. Dans le secteur alimentaire, ce sont les produits animaliers émettent le plus de CO2.
2. Le stockage et le transit des produits e-commerce en entrepôt
Le stockage de la marchandise est un aspect assez médiatisé dans le e-commerce – qui n’a pas déjà vu des reportages sur les manutentionnaires au sein des vastes entrepôts Amazon ? Les impacts ici sont doubles. D’abord, d’un point de vue social : les mauvaises conditions de travail des collaborateurs des grands acteurs du e-commerce peuvent faire grincer des dents. Mais ne négligeons pas l’impact environnemental : ces entrepôts massifs supposent une artificialisation des sols qui peut nuire à l’écosystème naturel au sein duquel ils sont implantés.
3. L’emballage des produits
Ici l’impact est essentiellement environnemental. En 2018 furent produits près de 7,5 millions de tonnes d’emballages industriels et commerciaux, et plus de 5 millions de tonnes d’emballages ménagers, selon All4Pack. Et selon l’INSEE, le secteur représentait 18,3 milliards d’euros en France en 2019. Non seulement les emballages représentent une production énergivore et une source importante de déchets (ce qui est accru par des phénomènes comme le suremballage…), mais les espaces vides au sein des emballages sont également une source d’inefficacité logistique.
4. Le transport et les livraisons e-commerce
Après la fabrication des produits, le transport des marchandises représente le deuxième plus gros impact carbone des achats e-commerce. Dans le cas d’un produit fabriqué à l’étranger, il faudra prendre en compte l’impact carbone de son transport vers la France, souvent en avion (surtout s’il est fabriqué dans un pays lointain comme la Chine). Une fois le produit arrivé en France, il reste à être acheminé vers le consommateur. Ce transport, entre le centre logistique aéroportuaire et la ville de destination, se fait souvent par poids lourds – un mode de transport qui représente 20% de la pollution atmosphérique dans notre pays. Et si les derniers kilomètres (livraison entre le centre de distribution et le domicile) se font en camion, cela ne fait qu’ajouter aux émissions de CO2.
Selon une étude de KPMG et de la FEVAD, une large majorité (70%) d’acheteurs en ligne privilégient les sites qui adoptent une démarche responsable. Ainsi, les entreprises de e-commerce réfléchissent de plus en plus à des solutions RSE pour minimiser leur impact social et environnemental.
Les leviers RSE pour le e-commerce
1. La vente de produits plus éco-responsables
L’un des moyens les plus efficaces pour les entreprises e-commerce de réduire leur empreinte carbone est de parvenir à vendre plus de produits éco-responsables. Il peut s’agir de :
- Produits de seconde main. On pensera ici au secteur de la mode, avec Vinted, une marketplace de vêtements d’occasion ;
- Produits reconditionnés. C’est une tendance croissante dans la tech, avec par exemple Back Market, qui revend des produits électroniques reconditionnés ;
- Produits créés à partir de matériaux recyclés. Par exemple Converse avec sa gamme Renew ;
- Produits issus de l’économie locale et des circuits courts.
En parallèle, on constate aujourd’hui une croissance de la location de produits en ligne, plutôt que leur achat définitif. Cela fait partie d’une tendance croissante de favoriser une économie circulaire, où un même produit peut avoir plusieurs propriétaires successifs.
2. La transparence sur les produits
Il est aujourd’hui de plus en plus important aux yeux des consommateurs d’avoir des informations plus précises sur les conditions de fabrication et de vente des produits qu’ils achètent en ligne. Des informations concernant :
- La provenance des matières premières, des matériaux ;
- Le lieu de production ;
- Des labels ou prix récompensant l’engagement RSE de l’entreprise…
3. Un packaging plus éco-responsable pour réduire les déchets
En ce qui concerne les emballages, les entreprises e-commerce peuvent actionner les leviers RSE suivants :
- Utiliser des emballages recyclables, faits à partir de matériaux recyclés, et utiliser moins de couches d’emballages (éviter le suremballage). Cela permet de réduire les déchets engendrés par le packaging.
- En particulier, proscrire l’utilisation du plastique à usage unique dans les emballages, au profit du carton.
- Réduire la taille des colis, en optimisant l’espace vide à l’intérieur des emballages. Cela permet de transporter plus de colis simultanément, réduisant ainsi l’empreinte carbone et les coûts de transport.
- Démocratiser les colis réutilisables (exemples : Paké, Hipli…). Cela participerait au développement de l’économie circulaire.
4. Les leviers RSE pour la logistique et les livraisons
Nous l’avons vu, le e-commerce repose sur une chaîne logistique millimétrée afin d’acheminer les marchandises le plus efficacement possible du vendeur à l’acheteur final. Dans beaucoup de cas, ce dernier valorisera la rapidité de la livraison. Entre deux sites proposant le même produit au même prix, l’un proposant une livraison le lendemain, et l’autre dans une semaine, comment hésiter ? Malheureusement, l’impact carbone deux grandement varier entre plusieurs modes de livraison. Ainsi les entreprises pourraient :
- Proposer au client de choisir entre plusieurs modes de livraison, et indiquer les émissions de carbone pour chacun d’entre eux ;
- Privilégier le transport de marchandises par train plutôt que par avion ;
- Pour les derniers kilomètres, utiliser des véhicules électriques ;
- Proposer en priorité des livraisons en point-relais, ou alors des livraisons par vélo…
5. De possibles engagements sociaux
Les entreprises e-commerce peuvent enfin prendre des engagements sociaux, et encourager leurs clients à faire de même, à travers plusieurs initiatives :
- Vendre plus de produits issus de l’économie locale, de produits régionaux, provenant de petits commerces ;
- Encourager le click & collect afin de continuer à favoriser les commerces physiques, de proximité ;
- Proposer aux clients, au moment de leur achat en ligne, de faire un don (en lien ou non avec le secteur d’activité de l’entreprise). Par exemple, en arrondissant la facture à l’euro supérieur pour reverser la différence à une association caritative…
Dans tous les cas, un bon moyen de savoir si une entreprise est engagée dans sa responsabilité sociale est de se renseigner sur les différents labels, tels que B CORP ou EcoVadis, qu’elle peut afficher. Découvrez ici comment Redsen, cabinet certifié B CORP depuis 2022, s’engage sur différents thèmes comme la gouvernance, les collaborateurs, l’environnement, la collectivité et les clients.